23 mars 2023 – Années 1990 – Mémoire et retour du samizdat ? Biélorussie-Pologne Dzannis Kandakou (Université Paris Sorbonne-nouvelle) / Andrzej Leder (Académie polonaise des sciences)
Séminaire d’histoire des idées
Jeudi, 14h-16h au Centre Malesherbes (salle 402)
Une proposition de
Hélène Camarade (Université Bordeaux Montaigne),
Luba Jurgenson (Sorbonne Université),
Xavier Galmiche (Sorbonne Université) .
Ce séminaire fait partie de l’offre de cours de plusieurs masters de Sorbonne Université :
Master d’études slaves : Études centre-européennes (MK2ECSEC), Polonais M1 (M2PLLICI)
Master CIMER (Cultures, Institutions, Musées en Europe et ses Régions) M1 (M2ECACSS)
Master MEECO (Métiers de l’édition en Europe centrale et orientale) M1 (M2ECACSS)
Il fait partie de l’offre de cours du master d’Études germaniques de l’Université Bordeaux-Montaigne.
Il peut être choisi comme séminaire optionnel.
Il fait partie de l’offre de Sorbonne Université à destination des étudiants des universités de l’union 4EU+.
CONNECTION zoom de 14h-15H30
https://us02web.zoom.us/j/99155512252 ID de réunion : 991 5551 2252
Ce séminaire aborde l’histoire des courants d’idées, courants esthétiques et écoles de pensée qui émergent ou se développent au cours du xxe siècle en Europe centrale et dans le monde russe. Les courants d’idées sont étudiés à partir de textes fondateurs qui ont marqué les cultures de l’Europe centrale et du monde russe, souvent inédits en français et peu connus, dont la postérité théorique conditionne ou interroge nos approches jusqu’à aujourd’hui.
Penser le samizdat
Tiré d’un acronyme russe signifiant « autoédition », le mot samizdat désigne les livres et publications édités et diffusés en dépit des interdits (on parle aussi d’édition souterraine, « inofficielle », alternative, clandestine, etc.) dans les pays du bloc communiste, essentiellement des années 1950 à 1980, et par extension les réseaux plus ou moins organisés qu’ils suscitèrent (auteurs, copistes, relieurs, diffuseurs, lecteurs).
Ce séminaire a pour but de passer en revue les multiples aspects de ce qui fut à la fois une pratique de l’écrit et un phénomène de société. Ses enjeux qui ont été étudiées durant les deux premières saisons de ce séminaire (2020-21, 2021-22) relèvent notamment de :
– la philosophie politique et du droit : certains samizdats jalonnent l’histoire de l’opposition démocratique et de la dissidence, et reflètent leur dissémination géographique (par le tamizdat, exilés et émigrés diffusèrent les textes interdits dans leur pays et publièrent les leurs) ; leur édition relève de la liberté de conscience et d’expression contre le pouvoir aliénant d’États totalitaires ;
– l’histoire politique et sociale, l’histoire de la communication et des media : issus d’une société civile en butte au monde officiel, les samizdats structurèrent des groupes à différentes échelles – canaux organisés, nébuleuses, ou au contraire attachées à des individualités singulières ; par cette prolifération en rhizome, ils s’inscrivirent, concomitamment à la naissance d’internet, à l’émergence de structures en réseaux ;
– l’histoire du livre et de l’écrit : le samizdat prolongea au XXe siècle la confrontation – aussi ancienne que le phénomène même de l’édition – à l’interdit et à la censure ; il suscita l’émergence d’un monde éditorial parallèle (maisons d’édition, revues, réseaux de distribution, marché, etc.) ; éloigné par définition des imprimeries, il s’adapta aux technologies alternatives de reprographie alors en pleine évolution et il se distingue par une matérialité spécifique ;
– l’histoire esthétique : le samizdat révéla et imposa souvent un canon culturel alternatif de la création littéraire, plastique et musicale (émergence du magnetizdat, captations sonores sur bandes magnétiques et cassettes) ; subversif ou réputé tel, le samizdat poussa à la formation de groupes, parfois de communautés subculturelles unies par des pratiques intermédiales.
Le samizdat et après ? Trente ans après la chute du mur de Berlin et la fin de l’URSS, la réévaluation critique du samizdat bat son plein. Ce chapitre de l’histoire éditoriale requiert des analyses politiques liées à l’histoire de l’opposition, de la dissidence et de la « zone grise », mais aussi de leur transformation depuis les années 1990, mais d’autres aussi, relevant de la sociologie de l’édition et de la lecture, de la médiologie (notamment autour de la notion de réseau éditorial), de l’histoire de la littérature et du livre, des arts (arts plastiques et appliqués mais aussi théâtre, musique, etc.), des subcultures.